Etudes à l'étranger : Cinq expats témoignent !

Pauline Leibenguth
05/07/2018

Aller étudier dans un pays étranger : un rêve.

 

Beaucoup d’étudiants sautent le pas et parviennent à réunir les fonds et la volonté nécessaires à un tel projet. Vous hésitez encore ? Pour éclairer votre lanterne, nous avons rencontré cinq étudiants expatriés. A travers trois facettes de l’expatriation, nous avons pu mieux comprendre leur situation et surtout répondre à cette question :

Quel genre d’expériences les étudiants expatriés sont-ils amenés à vivre?

 

S’expatrier, le côté administratif

 

Victor, 21 ans, égyptien d’origine, est arrivé en France à 18 ans pour entamer des études en prépa littéraire au sein de l’Hypokhâgne d’Hélène Boucher à Paris. Après un Bac ES obtenu dans un Lycée Jésuite du Caire, ses professeurs lui proposent de partir étudier en France au vu de sa passion pour les sciences humaines. Sur les onze étudiants de sa classe, neuf partent finalement étudier dans différentes villes de France. L’aventure administrative commence.

 

Comme le stipule le site Internet de l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) : “Les  titulaires d’un visa d’une durée supérieure à trois mois portant la mention “étudiant” sont dispensés de solliciter une carte de séjour temporaire la 1ère année de leur séjour en France”. Ils doivent cependant se présenter à la direction territoriale de l’OFII dans les trois mois suivant leur arrivée pour régulariser leur situation.

 

Après validation du dossier, il est nécessaire de présenter diverses pièces justificatives dont un justificatif de domicile en France. Mais se trouver un logement en étant étranger : un parcours du combattant en France : “Il me fallait des garants français et je ne connaissais personne!”. De particulier à particulier, Victor finit par trouver un logement loué par un expatrié de longue date. Les années suivantes il entre en contact avec une agence ne réclamant pas de garants, mais 3 mois de caution : Victor montre qu’il est une personne fiable, la confiance s’installe, et la caution n’est maintenant même plus requise. 

 

Si pour Victor l’arrivée administrative en France a été au départ compliquée, il souligne que ces formalités sont devenues au fil du temps une routine. Rieur, il précise quand même : “Je n’ose pas jeter mon premier titre de séjour de peur qu’on me le demande un jour, je dois avoir trois sacs plein de paperasse”. Il salue cependant le choix de ne plus traiter les demandes de renouvellement de titres de séjour à la préfecture de police, un bâtiment peu accueillant, mais à la Maison Internationale dans le 14° arrondissement de Paris, espace très vert et aéré proche des quartiers de la Cité Universitaire.

 

L’aspect financier

 

Aurélie est française et a 31 ans. Arrivée en Australie en 2012, elle décide en 2017 de reprendre ses études et s’engage dans un master d'Urban Development & Design pour devenir Landscape Architect à Sydney. Mais ces études ont un prix ! “Une année universitaire coûte $30,000 ici (20.000€), ce qui est cher, mais ça permet d’avoir de supers profs et une qualité de cours incroyable! Le gouvernement prête cet argent à tous les étudiants, qui remboursent seulement après avoir commencé à gagner une certaine somme. C’est ensuite pris à la manière d’une taxe sur ton salaire.”

 

Julien est également à Sydney. 26 ans et franco-thaïlandais, il est en doctorat à l'Ecole de chimie de l'Université de Sydney et compte rester 3 voire 4 ans en Australie. Sydney est pour lui une ville très chère, les transports notamment. “Mais j'ai mes économies, mes parents continuent à me donner mon argent de poche tous les mois et j'ai ma bourse, qui vient en partie de la bourse de recherche de mon tuteur. J'ai aussi postulé pour une bourse d'étude pour les étudiants étrangers à l'Université de Sydney” (Après six mois d’attente, l’université lui annonce finalement que sa candidature n’a pas été acceptée pour cette bourse). Julien précise que les moyens pour transférer de l’argent depuis la France sont multiples et très simples avec des banques comme Westpack ou la société Revolut.

 

Quant à Victor, il s’est très vite employé à oublier le montant de la livre égyptienne par rapport à l’euro, des conversions qui donnent le vertige... (1 euro = 21 livres égyptiennes). Un loyer au Caire s’élève en moyenne à 5753 livres (278 €) par mois, à Paris pour un étudiant, il est de 10350 livres (500€) par mois, ce qui donne à réfléchir..

 

 

Le choc culturel

 

A 17 ans, Benjamin a passé dix mois en France au sein d’une famille française pour son année de seconde. Pour cet originaire du Maryland, une zone très rurale des Etats-Unis, cette année en France, dans une zone profondément urbanisée, a été riche en prises de conscience et en remises en question.

 

En arrivant en France j’ai réellement été surpris par la maturité des élèves du lycée. Chez nous à cet âge on paraît bien plus jeune! Je me sentais comme un enfant dans cette classe.” Le plus surprenant reste l’impact de ce voyage sur les opinions religieuses de Benjamin “Le plus gros problème que j’ai eu, c’est que la famille dans laquelle j’étais était complètement athée, et moi très pratiquant par ma famille. Je suis quelqu’un de très scientifique et dans ma petite école catholique des US, on ne nous a pas fait de cours sur la théorie de l’évolution par exemple. Je ne suis plus croyant désormais. La France a eu un impact assez grand sur moi..”

 

Aurélie, à Sydney depuis six ans a également été bousculée par un mode de vie si différent du sien en France, au point de ne plus vouloir quitter le pays où elle se sent désormais chez elle “Je m'en suis rendue compte il y a quelques semaines, j'ai dit à mes collègues que j'allais en France et ils m'ont demandé 'if I was going home' et en fait non.. Home is Australia.

 

Et c’est très clairement l’esprit du pays qui l’a décidée : “la France ça ne me plaît plus à cause de la mentalité métro/boulot/dodo. Les gens sont tout le temps mécontents, pessimistes, désagréables” L’Australie est en effet connue pour la qualité de son management et la gentillesse de ses habitants, très tournés vers les autres. Son climat très doux et son esprit décontracté sont également très prisés des étudiants et “backpackers”.

 

Et finalement ?

 

Être étudiant expat semble être au départ un parcours du combattant, mais est souvent le début d’une histoire très profonde avec son pays d’accueil. Aurélie souligne une de ces prises de conscience “J’ai fait une prépa HEC. Mais le marketing/consommation, après 30 ans tu te demandes si ce sont des bons choix, si c'est ce que tu veux de la vie”. Le voyage serait donc aussi initiatique et formateur que porteur d’opportunités et d’occasions de changer de vie, comme l’atteste la reprise de ses études.

 

Victor et son français irréprochable ont décroché plusieurs contrats de traduction d’ouvrage du français vers l’arabe, et il a pu rencontrer à l’Université Paris I plusieurs intellectuels qu’il citait dans ses copies de khâgne. Une opportunité qu’il faut saisir peu importe ses revenus ou son université, comme le constate Julien “Je suis passé par une petite école d'ingénieurs faisant partie de l'Université de Rennes et j'ai quand même réussi à décrocher mes stages à l'étranger et commencer ma thèse dans l'une des meilleures universités australiennes.”

 

Et vous, où allez-vous ?

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