Jeunes actifs diplômés : les doubles carrières internationales


Les femmes diplômées qui ont un conjoint de diplôme similaire aux ambitions identiques aux leurs, se trouvent confrontées au système de la double carrière internationale.

« Pour fêter les quinze ans de ma promotion à HEC, j’avais organisé un dîner. Cette occasion m’a permis de revoir un tas d’anciennes camarades de classe. Une chose m’a frappée au cours de ce repas : beaucoup d’entre elles avaient décroché professionnellement, occupaient des postes ne correspondant pas à leurs aspirations ou bien avaient des fonctions importantes, mais étaient moins bien rémunérées que leurs homologues masculins. Or, quand nous étions sur les bancs d’HEC, la promotion était constituée pour moitié de filles ; à cette époque, nous ne nous posions pas la question de la mixité, une préoccupation qui, pensions nous, avait plutôt été celle de nos mères ou grands-mères (…) que c’était-il donc passé entre le moment où nous étions sorties de l’école, pleines d’ambition, et ce dîner quinze ans plus tard ? ». C’est ainsi que s’exprimait Claire Léost, diplômée d’HEC et de Sciences Po Paris, auteur de Le Rêve brisé des Working Girls paru chez Fayard au printemps 2016 dans Emile, le magazine des Alumni de Sciences Po Paris.

Les jeunes couples très diplômés connaissent encore mieux que les autres ce rêve brisé :  lorsqu’il s’agit de déménager en couple à l’étranger, ce sont presque toujours les femmes qui « suivent » leur conjoint, dans 92% des cas.  Selon un article du Monde Campus paru le 11 mars 2018, «  la proportion des jeunes actifs effectuant tout ou partie de leur carrière à l’étranger augmente. Selon la dernière étude de la Conférence des Grandes Ecoles, trois ans après leur diplôme, 27% des jeunes issus d’écoles de commerce sont en poste à l’international, (ils étaient moitié moins il y a dix ans). Cette tendance est encore plus présente pour les MBA. Ainsi, la moitié des élèves du MBA d’HEC trouvent leur premier emploi post-diplôme ailleurs que dans leur pays d’origine ».

 

Naguère, lorsque un ou une cadre était expatrié pour un poste, il y avait une visibilité sur la durée de l’expatriation – trois à quatre ans- et l’accompagnement du conjoint était intégré au package, incluant cours de langue, aide à la recherche d’un emploi local. Actuellement, les contrats locaux dominent et chacun doit s’en arranger. D’où le coup de blues des jeunes femmes (très) diplômées en expatriation. Les femmes qui suivent leur compagnon à l’étranger veulent travailler et même progresser dans leur carrière. Toutefois, elles ne bénéficient pas nécessairement d’un visa les autorisant à travailler, n’ont pas de réseau, leur diplôme ne sont pas forcément reconnus, sans parler des problèmes de langue. Si certaines réussissent à transformer ces handicaps en force, elles relèvent le défi. D’autres abandonnent une carrière prometteuse pour se retrouver femme au foyer, avec l’impression de vivre une vie comme en 1960, et un mari qui culpabilise de l’effort que sa propre carrière a exigé.

Certaines école mettent en place des dispositifs pour aider les couples confrontés au problème des doubles carrières internationales. Et les couples élaborent des stratégies.

Pour éviter ce sentiment de sacrifice, souvent légitime, il est indispensable de penser l’avenir du couple avant le départ, demander à l’entreprise d’intégrer la question du conjoint qui ne veut plus être un non-working partner dans le package, et prévoir un coaching spécifique pour envisager un avenir sans frustration professionnelle.

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